La vérité c’est que oui, des fois, le fait de ne pas pouvoir peindre dix ongles d’orteils de la même couleur que les dix ongles de mes doigts m’agace. La vérité c’est que quand je porte une jupe qui vole gracieusement au vent, j’adorerais la sentir frôler mes deux mollets à chacun de mes pas. La vérité c’est que je ne sais pas si je serais capable de faire du surf un jour, et que j’aimerais beaucoup que ce soit possible. La vérité c’est qu’en effet, je juge parfois les gens sur la façon dont ils réagissent lorsque je raconte mon histoire. La vérité c’est que parfois aussi, je la raconte de façon très brute, juste pour obtenir une réaction aussi spontanée. La vérité c’est que d’autres fois, je sens qu’on m’impose l’obligation de la raconter et que ce n’était pas mon choix de le faire. La vérité c’est que je choisis de marcher de temps à autres derrière les gens pour éviter qu’ils aient un parfait angle sur ma démarche – au moins tu sais que si je marche devant toi, c’est que je suis à l’aise avec toi. La vérité c’est que j’aimerais courir sur la glace en hiver et terminer ma course en glissant jusqu’au bout, sans tomber en route. La vérité c’est que j’en ai marre de devoir choisir mes chaussures selon un tas de critères logistiques qui s’ajoutent à mes goûts personnels ainsi qu’à la disponibilité des modèles à travers la mode actuelle:
-n tout temps, pas de talon;
-pour les bottes, une fermeture éclair jusqu’à la semelle;
-pour les sandales, pas de sangle séparant le gros orteil de son voisin;
-un bon support au niveau du derrière du talon, sans quoi la chaussure s’envolerait à chaque élancement du pied vers l’avant;
-les lacets, ou quelconque système de fermeture, doivent permettre une ouverture assez large pour y glisser un pied dont la cheville est immobile à 90 degrés.
La vérité c’est ça, c’est qu’on n’est pas tous les jours courageux et sans peur. Enfin, c’est la réalité pour moi. Et cette réalité, c’est normal de la vivre.
Aujourd’hui, j’ai choisi de ne pas me censurer et de dire les choses telles que parfois elles sont réellement. Ce que je tiens à souligner ici, c’est que c’est tout à fait convenable d’avoir ce genre de journées. Nous ne sommes pas des soldats qui devons démontrer chaque jour à quel point nous pouvons être performant et vaincre tous les obstacles qui se présentent. Il est également important de laisser place à nos faiblesses, nos peurs, nos craintes ou nos inquiétudes. C’est ce que j’ai eu envie de faire parce que trop de fois, j’essaie de camoufler ces «imperfections» afin de paraître le plus «parfait» possible – notez les guillemets, puisque «parfait» est un grand mot utilisé ici au sens plus léger du terme. Je crois qu’il est sain de s’exprimer au sujet de ce qui nous manque, pour être conscient de ces moins belles choses, autant que l’on est conscient des plus belles, et pour les accepter.
Je vous invite à faire pareil en écrivant dans les commentaires ce qui vous chante, si ça vous chante! Croyez-moi, c’est libérateur.
Merci vraiment beaucoup!! Ca fait 14 mois que je suis amputée, pis ya des jours où c’est vraiment de la marde. Dans mon cas, c’est un choix personnel, mais jai des problèmes avec ma jambe depuis que j’ai 1 ans…est-ce que c’est ce que je voulais? Oui. Est-ce que c’est ce que je souhaitais? Non.J’ai moins de complications et une meilleure vie qu’avant, souvent les gens me demandent » le regrettes-tu? . » Comme si j’allais répondre « oui » ! Non je le regrettes pas, mais oui, ya des jours où je ne cesse de me répeter » Jveut mes 2 jambes, jveut mes 2 jambes » . Au final, je reste une personne handicapée qui a des limitations. Pas les mêmes qu’avant, mais des limitations pareil. Pis je réalise que c’est dur de comprendre pour une personne physiquement normal à quel point tout me demande plus d’énergie qu’à lui. en ce moment jsuis dans une période où j’ai de la douleur à chaque pas. Sauf que, si je vais voir ma prothésiste, je manque une journée de stage, pis je suis pénalisée. Selon ma prof, c’est pas « équitable » que je fasse une journée de moins a cause d’un rendez-vous à l’hôpital. C’est drôle, parce-que, en mon sens, ce qui n’est pas équitable, c’est qu’ils ont 1 jambe de plus que moi, et qu’ils n’ont pas besoin de se taper 3h avec une prothésiste juste pour être capable de marcher sans finir la journée en arrivant chez soi pis que la première chose que tu sais c’est enlever ta prothèse et prendre ton fauteui. Ce qui est pas equitable, c’est que moi, le matin ca peut me prendre 15min ad’ajustements avant de pouvoir faire 1 seul pas qui semble a peu près confortable. Ce qui est pas équitable, c’est que, comme tu dis, juste pour avoir une nouvelle pair de souliers, j’dois me rendre a Montréal et faire ajuster ma cheville. Ce qui est pas equitable, c’est que j’en ferait 50 jours de stage de plus si ca me donnait 2 jambes! L’équité et l’égalité sont deux choses. T’as 59 jours a faire, fait les. Enweye, rentre dans le moule. T’as u nbillet de médecin? too bad, faut qu’on soit juste avec tout le monde.
@Vanessaracine, je ne crois pas que ton prof aie le droit de te dire cela, je porterais plainte contre ce genre de commentaires à ta place. Ta santé est plus importante qu’une journée de stage qui a mon avis pourrais être reprise plus tard. Ta prof n’a pas l’air de comprendre toutes les répercutions qu’une prothèse mal ajustée peux causée et c’est toi qui en souffre ce qui a mon avis n’est pas acceptable!